Le Nicaragua est le pays d’Amérique central qui a la plus faible densité de population. Etant donné que le taux de développement industriel est très faible aussi, la nature est ici encore très sauvage, il y a donc beaucoup d’animaux. Se déplacer au Nicaragua est aussi facile que dans les pays visités jusqu’à présent, les routes principales sont plutôt très bonnes. Sur la route on longe de nombreuses exploitations où l’on trie et où l’on fait sécher le café. Les grains sont séchés au soleil sur de grandes bâches , à même le sol. Après avoir été plusieurs fois étendus et ratissés ils sont mis dans de grands sacs et triés.
Il y a aussi des ateliers de fabriques de cigares. Certains sont des cigares « cubains ». Les feuilles viennent de Cuba et sont transformées ici en cigares. Les conditions climatiques de stockages sont parait-il optimales. Mais du tabac est aussi produit ici. Nous avons également vu des rizières. La plupart du travail est fait manuellement. Même les travaux routiers sont faits à mains d’hommes. C’est très impressionnant. Les chevaux sont largement mis à contribution. Dans les villes ou dans les campagne, c’est un moyen de transport très commun. Nous voyons aussi des chars à bœufs. Les vaches et les bœufs sont énormes ici.
Les villes , les villages, les routes grouillent d’animation. On vend, on achète, on transporte, on transfère d’une charrette à l’autre des fruits ; des légumes des poules, des portes en bois, des tables, etc…Les gens roulent comme des fadas, il n’est pas rare que nous soyons à quatre de front sur une deux voies !!
Nous visitons quelques villes dont Estelí, Matagalpa et Masaya. Estelí est très marquée par la guerre civile qui a pris fin il y a une quinzaine d’année. Nous visitons un émouvant musée qui rassemble de nombreuses photos de personnes tuées pendant les combats, dont certains très jeunes. La directrice du musée a eut ses deux fils tués en 1979 (de 14 et 17 ans). Elle déplore l’inutilité de cette guerre qui a laissé les habitants du Nicaragua encore plus pauvres qu’avant. Les photos de son musée, mangées par les vers, ne peuvent être mises sous cadres, par manque d’argent. Ce manque d’argent se fait sentir partout. Nous passons une nuit dans la caserne des pompiers de Matagalpa. Ils possèdent environs 5 camions relativement modernes, des dons du Japon et de L’Allemagne. Un seul d’entre eux est utilisable, les autres n’ont soit pas de freins, ou ne peuvent être réparés, cela coûte trop cher. Les pompiers nous ont demandé de lancer un appel aux pompiers français pour un coup de main financier….Les enfants ont pu visiter les camions et nous avons été réveillé à 5 heures du matin par le chef qui fait démarrer un camions l’un après l’autre pour tester les moteurs…au cas où !!!
Nous passons ensuite deux jours à Masaya, sa lagune et ses volcans. C’est la capitale du hamac !! Elle a subit de nombreux tremblements de terre, en 2000 notamment. Il faut dire qu’elle possède un volcan très actif !! Décris par les espagnols comme « les portes de l’enfer », le volcan Masaya est très facile d’accès. On peut accéder jusqu’au cratère en voiture. Il fume en continue et peut exploser à tout moment. La fumée qui en émane sent fort le souffre et il est conseillé de n’y rester que 15 mns. C’est véritablement impressionnant de se retrouver au bord du cratère fumant.
Nous dormons dans le beau parc du volcan, et nous avons la surprise de trouver à notre réveil un magnifique…Boa constrictor d’un bon mètre soixante, à quelques pas de notre Bob. Le gardien nous affirme qu’il n’est pas dangereux, il tue par strangulation( !!!) par contre, il a , parait-il, des petits copains venimeux dans le parc…nous renouvelons aux enfants les règles de sécurité….qu’ils nous promettent de respecter même si Siméon « court bien plus vite qu’un serpent » !!! Le boa, très fâché d’être dérangé souffle fort et reste en position d’attaque de longues minutes.
Nous voici maintenant à Granada, ville très touristique avec un centre très développé, mais uniquement le centre !! Nous pensons y rester quelques jours mais avons du mal à trouver un endroit confortable où nous garer. Pour l’instant nous dormons dans l’enceinte du parc de la Croix rouge. Depuis le Belize nous ne dormons que dans des lieux avec un ou plusieurs « vigilantes » (vigiles). Ce sont des hommes (très) armés qui prennent leur service le soir et gardent toute la nuit les entrées des musées, des banques, des hôtels, des stations essences, des parcs. On a pris l’habitude de voir arriver un petit gars avec une grande mitraillette ou fusil de chasse selon le lieu, cela ne nous impressionne plus. On n’a pas bien compris ce qu’ils craignent vraiment, mais bon, ici, ça se passe comme ça.
Granada est une très jolie ville coloniale avec de magnifiques maisons qui possèdent de grandes cours ombragées et des patios. Le soir, devant les maisons les gens prennent le frais en se balançant dans de grands fauteuils à bascule. Les rues et parcs sont bordés de grands manguiers que les gens bombardent de pierres pour en faire tomber les délicieux fruits. La ville est au bord du lac Nicaragua. Il y a un grand centre récréatif avec aires de jeux, petits bars et possibilité de baignade !! C’est moyennement propre, l’écologie n’étant visiblement pas la priorité numéro un des nicaraguayens. Granada, comme toutes les villes du Nicaragua possède un extraordinaire marché où les stands sont si serrés qu’on se faufile avec peine dans les allées. On y vend de très beaux fruits : ananas, mangues, pastèques, mandarines et oranges mais aussi des hamacs, de la viande, des épices, des poteries, de la ficelle,…Les femmes cuisinent entre deux étals et de grandes feuilles de bananiers servent d’assiettes, tout cela sent très bon mais on hésite à y goûter…par contre on tente le jus de fruit en sachet. Dans un petit sac plastique, on mélange de la glace pilée et du jus de fruits servi à la louche. On glisse une paille, on fait un nœud au sac, et voilà !!
Quel dépaysement tous ces pays. Notre Europe semble bien propre et aseptisée à côté de ces marchés bruyants, grouillants et colorés. Les gens sont gais et spontanés. Ils prennent nos enfants dans leurs bras, leur font des calins en passant. (ce qui énerve passablement les plus grands !!) Siméon a toujours la palme du charme, tout le monde veut lui parler, savoir son nom, lui serrer la main…Il y a aussi pas mal de gens qui viennent quémander de l’argent ou à manger à la porte de Bob, il ne faut pas oublier que le Nicaragua est l’un des pays les plus pauvres d’Amérique centrale.Paradoxalement, il y a des cafés internet dans chaque village...On a du mal à situer le vrai niveau de développement de ce pays.
Notre vieux Bob a eut quelques déconvenues ces derniers jours. On lui a cabossé quelques coins, ce qui a encore diminué sa résistance à la pluie….Notre décision de ne pas continuer en Amérique du Sud semble être la bonne option.